Hommage à Razan Zaitouneh
Le 4 décembre 2013, Razan Zaitouneh apparaissait pour la dernière fois, sur une vidéo qu’elle avait elle-même enregistrée, et relayée peu après sur internet par des ONG. On l’y découvrait pâle, mais calme et déterminée. Elle y dénonçait, une fois de plus, les violations des droits humains en Syrie et décrivait ses conditions de vie difficiles à Douma. Cinq jours plus tard, elle était enlevée avec trois de ses amis. Nous sommes sans nouvelles depuis.
Avocate de formation, Razan Zaitouneh demeure l’une des figures de la résistance non violente en Syrie. Pacifiste convaincue, fondatrice de l’ONG Violations Documentation Center et de l’organisation humanitaire Local Development and Small Projects Support, le gouvernement de Bachar Al-Assad lui avait interdit de quitter le territoire syrien depuis 2002. Son engagement sans faille pour les droits humains lui vaut la reconnaissance de la communauté internationale.
En 2011, elle était récompensée du Prix Sakharov pour la liberté de pensée du Parlement Européen et, en 2013, du Prix International Femme de Courage. Nous ne l’oublions pas.
Hommage à Ilham Tothi
Economiste et professeur de droit de la minorité Ouïghour en Chine, Ilham Tohti incarne une parole libre et critique du gouvernement chinois, notamment de sa politique discriminatoire envers les Ouïghours. Modéré, il a toujours recherché l’ouverture et un dialogue apaisé, en particulier sur les relations entre Hans et Ouïghours. Il est incarcéré une première fois en 2009 pour ses critiques avant d’être libéré un mois plus tard. Il est arrêté une nouvelle fois le 15 janvier 2014 lors d’une opération musclée et disproportionnée des autorités chinoises. Ses conditions de détention terribles, jambes ferrées et plusieurs fois privé de nourriture, le laissent affaibli lors de son procès durant lequel il est condamné à la réclusion à perpétuité pour «séparatisme». Malgré l’émoi et la dénonciation du verdict par l’Union européenne et des ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch, le verdict est confirmé en appel en novembre 2014. Sa condamnation rend aujourd’hui la situation des Ouïghours d’autant plus sensible et délicate. Le festival, et en particulier la soirée « Ouïghours: la négation d’une identité », lui sont dédiés.